Méconnaissance des effets placebo et Hawthorne : nécessaire ?
L’effet placebo est souvent mal connu ou confondu avec le retour à la moyenne (amélioration naturelle avec le temps). Il correspond à l’amélioration réellement ressentie par un patient quand on lui administre un traitement dénué de tout effet intrinsèque. Il est presque toujours assimilé à l’effet Hawthorne, lequel a trait à la manière (intensité) d’exprimer le symptôme. La plupart des effets dits placebo sont en fait des effets Hawthorne, le simple fait d’avoir été pris en considération pouvant permettre à certains patients de moins se plaindre. L’effet placebo, stricto-sensu, peut être « visualisé » lors d’expériences d’imagerie fonctionnelle cérébrale. Il passe surtout par la libération : 1) d’endorphines, après ré-exposition à un traitement déjà expérimenté comme bénéfique (réflexe conditionné) ; 2) de dopamine, lors de l’administration d’une substance ou procédé dont le patient escompte un mieux, dans un état d’esprit d’attente optimiste et confiante. La combinaison des effets placebo et Hawthorne peut induire des effets majeurs, quasi-miraculeux, mais leur puissance peut être déniée, et le sujet reste conflictuel : 1) ce sont surtout les firmes qui encaissent les bénéfices du doute ; 2) il comporte une dimension quasi « religieuse », car les patients doivent avoir foi dans le procédé, et les thérapeutes doivent aussi maintenir un certain mystère autour du mécanisme de l’amélioration, en refoulant leur « mauvaise-foi » quant à la substitution du placebo au traitement de référence. Ceci n’est pas sans rappeler la « transsubstantiation » permettant dans la religion chrétienne la transformation de l’hostie en Agneau-Pascal pacificateur (victime innocente déifiée, comme les « Pharmakos » des premiers grecs).
Mots-clés
- Placebo
- Hawthorne
- Foi