Médicalisation de l’existence. Au carrefour de l’humain, du psychisme et du somatique. Regards croisés
La médicalisation de l’existence s’est accélérée dans les 30 dernières années depuis la vulgarisation par les médias des progrès des sciences médicales et pharmaceutiques et de leurs applications. Aujourd’hui, le bien-être total est recherché et revendiqué en priorité. La libre disposition de son corps est la règle. Le recours aux psychothérapies et méditations en tout genre illustre la devise « mens sana in corpore sano » du poète Juvénal afin de profiter de l’instant et ce, d’autant que le bien vieillir est devenu une priorité. Tolérer et endurer une malformation bénigne mais disgracieuse n’est plus vraiment envisageable comme n’est plus supportable le fait d’éprouver une souffrance physique ou psychique, même mineure. Les revues consacrées à la santé physique et psychique font florès tandis que les émissions, les séries de télévision et les films médicalisent de plus en plus notre environnement culturel et médiatique. A force de segmenter les domaines de la santé, d’édicter et de classer des recommandations diagnostiques que l’on dit consensuelles et de spécialiser les axes de recherche, n’avons-nous pas tendance à marginaliser l’humain que la médecine prétend traiter et guérir éventuellement ? A propos du phénomène de médicalisation de l’existence, les deux auteurs décrivent leurs visions croisées de médecin interniste d’une part et de psychothérapeute-anthropologue de la santé d’autre part.
Mots clés
- Médicalisation de la vie
- Lien humain
- Maladies somatiques et psychiques
- Bien-être
- Bien vieillir