Les dérives sectaires en santé ont-elles explosé en France ? Analyse critique du rapport d’activité 2022-2024 de la Miviludes
Le dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
(Miviludes) publié le 8 avril 2025 montre une augmentation des saisines et signalements dans le
domaine de la santé et du bien-être. Il pointe les pratiques de soins non conventionnelles (PSNC)
comme majoritairement en cause dans les dérives en santé. Les saisines et signalements en santé
concernent majoritairement les usages alternatifs de certaines PSNC dans le cancer, délivrées par
des « thérapeutes » non professionnels de santé. Le rapport pointe également les soins de support
en cancérologie à partir d’arguments manquant de rigueur scientifique et non chiffrés pour en
mesurer l’importance.
L’analyse critique du rapport montre la persistance de plusieurs imprécisions déjà identifiées dans
les précédents rapports de la Miviludes. Les PSNC ne sont pas définies et aucun chiffre n’est
publié sur les saisines ou signalements qui s’y rapportent. Le flou entre saisines et signalements
nourrit ces imprécisions. Par rapport à 2021, l’augmentation du nombre de saisines en santé est
1,75 fois supérieure à l’augmentation du nombre total de saisines ; ceci appelle des explications.
L’augmentation des saisines en santé ne peut être interprétée comme reflétant une augmentation
des « dérives sectaires en santé » sans être corrélée à d’autres facteurs comme la visibilité
médiatique accrue de la Miviludes depuis son dernier rapport.
Les relais médiatiques et politiques des conclusions du rapport ont repris à leur compte un discours
sensationnaliste qui manque de recul critique. La présente analyse vise à apporter ces éléments
critiques.